Cathédrale du Mans | Notre Dame de la Couture

Méditation du Temps de l’Avent

Le chanoine Sesboüé nous aide à entrer dans le temps de l’Avent…2ème Dimanche de l’Avent

Deuxième dimanche de l’Avent A                                                   5 décembre 2010

 

À la croisée des deux alliances

 

 

Pour nous aider à nous préparer à la célébration de la naissance de Jésus, l’Église dans sa liturgie, aime nous présenter la grande figure de Jean-Baptiste. Certes, il n’a pas annoncé cette naissance (il n’avait que six mois de plus que lui), mais son entrée en scène que nous appelons sa vie publique. Il reste que Jean est par excellence celui qui prépare directement les cœurs à la venue du Messie. Il mérite ce beau nom de précurseur. Nous sommes tous concernés par ce thème de la préparation puisque nous voulons communier en vérité à la grâce de la venue de Jésus, annonciatrice de ces multiples venues quotidiennes qui font de lui notre frère, notre ami. La citation du livre d’Isaïe appliquée à Jean, s’adresse aussi à nous : préparer le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.

On peut dire de Jean-Baptiste qu’il se situe à la croisée des deux alliances : il reste un prophète de l’ancienne, mais place sa mission en fonction de la nouvelle, qu’il annonce.

 

1) Le prophète de l’ancienne alliance

La figure de Jean se situe dans la lignée des grands prophètes d’Israël. Vêtu du sobre costume qui était celui d’Élie, célèbre par sa sobriété (il ne mange ni ne boit, dira Jésus), il ne mâche pas ses mots : engeances de vipères, s’écrie-t-il à l’adresse de ses contemporains, qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? C’est-à-dire : pourquoi vous comportez dans l’insouciance du jugement qui atteindra les cœurs endurcis ? Comme ses précurseurs il appelle à la conversion : produire un fruit de repentir, c’est s’effacer pour revenir à la fidélité d’une vie remplie d’obéissance à Dieu.

Dans son ministère prophétique, Jean affirme son originalité en instituant le baptême dans le Jourdain. Ce rite n’est plus seulement une purification rituelle comme la loi d’Israël le prescrit en certaines circonstances, mais le signe de la conversion, le désir, d’être purifié de ses fautes. Ils se faisaient baptiser… en reconnaissant leurs péchés.

 

2) Le précurseur de la nouvelle alliance

Le ministère de Jean est orienté vers la venue d’un autre prophète, Jésus, qui fera passer ses fidèles de l’ancienne à la nouvelle alliance.

Celui qui vient derrière moi est plus puissant que moi. Sa prédication annonce celle de Jésus ; l’appel : convertissez-vous car le Royaume des cieux est tout proche sera reprise au début du ministère public de Jésus ; et son baptême veut annoncer celui que Jésus offrira à ses disciples ; mais Jean souligne la différence des deux baptêmes : moi, je vous baptise dans l’eau… lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu.

Quel est donc ce nouveau baptême ?

Dans sa rédaction actuelle, cette dernière formule annonce l’expérience de la Pentecôte. Elle est reprise dans le dernier entretien du Ressuscité avec ses disciples : Jean a baptisé dans l’eau, mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit Saint, sous peu de jours (Ac 1, 5)

La venue de l’Esprit plongera les fidèles dans l’océan de l’amour divin.

Jean imagine sans doute ce nouveau baptême autrement, pensant à une manifestation grandiose de Dieu séparant les justes et les impies avec cette image vigoureuse : la cognée se trouve à la racine des arbres ; tout arbre qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. La manière dont Jésus se comportera dans sa miséricorde envers les pécheurs, posera du reste problème au précurseur, comme nous le verrons, dans l’évangile de dimanche de prochain. Il reste que Jean considère sa mission comme une préparation à l’accueil du Messie. Il introduit cette phase nouvelle et définitive de l’histoire du salut et l’Israël de son temps est heureux de voir surgir un nouveau prophète, signe de l’attachement de Dieu à son peuple. Car on souffrirait de l’absence de prophètes : il n’y a plus de prophètes et nul ne sait jusques à quand… (Ps 74,9) s’écrie un psaume, évoquant les malheurs du peuple. Jean vient combler ce désir.

 

Tout entiers tendus vers la venue de Jésus en nous, n’attendons pas la fin des temps, ou la fin de notre vie pour entendre cet appel de la parabole : voici l’Époux qui vient, sortez à sa rencontre (Mt 25,6) car, nous le savons, Jésus vient à nous chaque jour. Et la célébration de sa venue à sa Noël, nous appelle à prendre au sérieux son désir de nous rencontrer au fil de nos journées.

Fidèles aux appels du Précurseur, nous voulons, pendant ce temps de l’Avent, faire un effort de re-immersion, de purification de nos cœurs, en excluant tout ce qui peut nous arrêter ou nous retarder dans notre marche à sa rencontre.

Concrètement, nos efforts peuvent s’organiser autour des grandes vertus théologales : foi, espérance, charité.

Foi : sachons ménager ces temps de silence, d’écoute, de dialogue avec Jésus par une prière paisible, par la lecture de l’Évangile, d’un livre spirituel nourrissant pour notre foi.

Espérance : ouvrons nos cœurs par la confiance, la certitude que le Seigneur nous aime et nous aide. Et dans nos incertitudes et nos difficultés, sachons compter sur sa grâce : Il m’aidera doit être un mot d’ordre pour chacun de nous.

Charité : développons l’amour des autres en désirant leur bonheur, leur approche de Dieu, en y contribuant selon nos moyens. Alors nous serons prêts à la joie de Noël, en vérité.

Terminons par cette louange de la liturgie syrienne :

Tu as envoyé, avant ta venue, l’intermédiaire de l’ancienne et de la nouvelle alliance, JB, étoile qui précède la lumière, lampe qui précède le soleil de justice, voix qui précède le Verbe, messager qui annonce clairement aux nations : Voici qu’après moi vient quelqu’un de plus grand que moi.

Amen.