Il y a deux ans, nous fêtions le Jubilé du cher Chanoine Sesboüé, 70 ans de sacerdoce. Voilà ce qu’il nous a dit dans son homélie du dimanche 17 juin 2018 :
Chers Frères,
Un jubilé est une occasion évidemment d’action de grâce et, au début de cette homélie, je voudrais exprimer ma reconnaissance et ma gratitude envers le Seigneur Jésus qui, selon sa promesse, m’accompagnait tous les jours comme il le fait pour nous tous jusqu’à la fin des temps.
Merci à notre cher curé d’avoir eu l’initiative de cette rencontre pour que nous soyons tous unis dans la prière. Merci à notre cher vicaire général qui symbolise ici la reconnaissance du diocèse.
Alors, cette action de grâce est aussi l’occasion de faire ma résolution de générosité pour que, selon la parole du psaume que nous avons entendue tout à l’heure, « vieillissant, il fructifie encore ».
Mais c’est l’évangile de ce jour que je voudrais évoquer. Tout d’abord, il se conclut par la mention des paraboles.
La parabole a un côté paradoxal. D’une part, c’est une image destinée à nous faire comprendre telle ou telle réalité du mystère : « Il leur parlait en paraboles à la mesure de ce qu’ils pouvaient comprendre ». D’autre part, la parabole est quelquefois un peu mystérieuse et peut nous étonner par cette invraisemblance. Mais ce qui est invraisemblable au sens de l’image ne l’est pas au sens du Royaume : « En particulier, il expliquait tout à ses disciples », c’est-à-dire qu’il y avait un enseignement plus profond, plus personnel à découvrir. Jésus le fait avec le groupe des disciples.
Et les deux courtes paraboles que nous avons entendues ont trait à la croissance du Royaume.
– La première, sur la force de Dieu. Quel est donc cet homme qui sème le bon grain, à pleines poignées peut-on dire ? C’est celui qui, selon la volonté de Dieu, prêche l’Évangile, enseigne la Parole de Dieu – la Parole de Dieu qui est figurée par la graine, la semence. Et la terre qui elle-même fait germer et produit, est l’image de la force de Dieu : rien ne pousse en terre, ne peut se faire sans la force de Dieu.
Nous sommes souvent impatients devant ce que nous pourrons considérer comme les lenteurs du progrès apostolique. Mais il faut toujours se référer au Seigneur et lui laisser la liberté de favoriser telle ou telle initiative et de surmonter les obstacles. Oui, Il réalise ainsi la parole de saint Paul : « J’ai planté, Apollos a arrosé mais un seul fait croître : c’est Dieu. »
Alors, nous sommes appelés à renouveler notre confiance. Le Seigneur est à l’œuvre alors même que nous le sentons bien loin. Déjà, dans les psaumes, nous avons ce cri : « Réveille-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ? » Nous le faisons dans la confiance et en sachant que Jésus est présent tous les jours pour son Église qu’Il veut croître.
– C’est justement sur la croissance du Royaume que porte la seconde parabole, comparée à une graine de moutarde toute petite qui devient un grand cèdre. Il y a là une exagération : une graine de moutarde ne peut pas dépasser la taille d’un arbuste. Mais Jésus veut faire comprendre que, malgré la petitesse des limites, l’Église est promise à un grand développement sur tous les continents.
Pour notre propre reconnaissance, pensons au concile de Trente qui a réuni 200 évêques ; le premier concile du Vatican, trois siècles après, a réuni 700 évêques, et le dernier concile 2500. C’est l’image de l’expansion de l’Église en tous les continents. Nous savons qu’il y a encore bien des endroits qui ne sont pas évangélisés et encore beaucoup de travail, mais nous devons observer cette croissance de l’Église avec beaucoup de confiance et de joie, et refuser de se lamenter sans cesse sur l’apparente lenteur de cette croissance et en sachant que, là aussi, le Seigneur est à l’œuvre activement.
Et puis, nous ne devons pas penser seulement à la croissance en quantité. Le Royaume, ce n’est pas que le profit qui compte ! Nous devons penser aussi à cette croissance mystérieuse opérée par la jonction de la grâce de Dieu et de la bonne volonté de l’homme, du fidèle. Je veux parler de cet appel à la sainteté qui est rappelé dans la toute dernière exhortation du Saint-Père. Oui, grandir, se développer spirituellement, c’est grandir en sainteté. Les saints sont là à toute époque, même aux époques difficiles, pour nous rappeler que, avec la grâce, on peut et on doit s’efforcer de grandir dans l’amour, l’intimité du Seigneur, en son intimité.
Le Royaume n’est pas fait pour une minorité. On a quelquefois la fausse mystique de la minorité : on doit ou on devrait s’y habituer… La minorité de l’Église est due aux circonstances. Sa vocation est d’être universelle. Comme nous le disons, l’Église est sainte, catholique et apostolique.
Alors, nous recevons cet enseignement des paraboles d’aujourd’hui, d’abord pour grandir avec confiance dans l’action du Seigneur et aussi par ce désir de coopérer à l’extension du Royaume, comme cette petite graine de moutarde qui veut grandir sans cesse. Et puis ensuite, il nous faut saisir les occasions de progrès, de croissance dans la sainteté ainsi que le dit le Saint-Père, malgré les difficultés, les déceptions qui peuvent venir. Et nous pensons à cette parole de Jésus que nous portons dans notre cœur : « Dans le monde, vous aurez à souffrir. Mais confiance, j’ai vaincu le monde. » Amen.